Marion : Mon parcours PMA en temps de COVID
Marion de Family Time Factory
Je connais Marion depuis bientôt un an. Sa particularité ? Elle a créé Family Time Factory et s’est intéressée à la thématique de la parentalité avant d’en l' expérience. Pour MamaLova, elle a bien voulu se confier en revenant sur son parcours PMA* en temps de covid, non seulement pour faire passer un message d’espoir aux couples dans la même situation, mais également pour briser les tabous encore trop présents autour de ce sujet.
Un partage à coeur ouvert, criant de sincérité qui mérite d’être reçu avec bienveillance.
- Bonjour Marion, peux-tu te présenter en quelques lignes et revenir sur ton parcours ?
Marion : Je m’appelle Marion, j’ai 35 ans et j’habite dans la région lyonnaise. L’histoire de Family Time Factory commence début 2019, parallèlement à mon désir de maternité. Nous sommes en projet bébé avec mon conjoint et les annonces de grossesse s'enchaînent dans notre entourage. Mais un accident de santé nous oblige à remettre ce projet à plus tard car je dois subir une opération très importante du dos. Je suis arrêtée quelques mois et compte bien mettre à profit cette coupure pour profiter de mes amis..sauf qu’ils n’ont plus du tout le temps. Je découvre que la parentalité est loin d'être semblable aux images bien lisses que nous montrent les réseaux sociaux. J’ai envie de les aider : c’est là que nait l’idée de FTF.Je commence donc à développer mon réseau de partenaires pour apporter des informations fiables aux jeunes parents et créer un “club” de parents qui testent mes prestations. Début 2020, nous avons enfin l’autorisation de reprendre le projet bébé avec l’aval du médecin..mais les mois passent et ça ne vient toujours pas.
Fin 2020, nous nous rendons chez un spécialiste et après une batterie impressionnante de tests, le verdict tombe : nous avons des problèmes de fertilité et avoir un enfant par la voie naturelle nous est impossible.
Une fois la nouvelle digérée, nous commençons un parcours PMA fin 2020. Tout se passe plutôt bien au vu des circonstances. Nous sommes très bien encadrés par des gens de confiance qui sont à notre écoute et qui savent comment nous parler. Finalement, cette PMA, je ne la vivais pas si mal, d'autant plus que je suis quelqu’un de très optimiste..jusqu'à l’arrivée du COVID.
- Comment la situation sanitaire a-t-elle impactée ton parcours PMA ?
Marion : Dans la PMA, le plus dur c’est l’attente, l’incertitude. Mais alors la crise sanitaire est venue en remettre une couche. A un moment les FIV ont été stoppées du jour au lendemain, car ce n’était pas “prioritaire” par rapport au COVID. Là, ça a été très difficile à gérer. Déjà que j’avais l’impression de ne pas maîtriser grand-chose, mais là c'était carrément quelqu’un d’autre qui décidait à ma place si j’allais pouvoir avoir des enfants ou non.
Je commençais un traitement, avec les piqûres, les hormones et tout ce que ça implique..et du jour au lendemain les consignes de l'Agence Régionale de Santé changeaient. On m’appelait et on me disait que je devais me préparer au transfert, et le lendemain on me disait de tout arrêter. Je comprends que les professionnels de santé eux aussi étaient face à beaucoup d’incertitudes et ne savaient pas vraiment quoi faire. Cette situation a été très très dure à vivre psychologiquement et physiquement.
Il nous était impossible de nous projeter sur du long terme ou sur des dates, ou même sur la finalité du traitement hormonal.
- Comment as-tu traverser cette période? Qu’est-ce-qui t’as aidé ?
Marion : L’avantage que j’ai eu, c’est qu’avec FTF, j’avais constitué un important réseau de partenaires. J’ai pu échanger avec eux, ça m’a beaucoup aidé. Et puis parallèlement, je suis entourée de bébés, mes amis nous annoncent régulièrement des grossesses, mais moi je ne peux pas en avoir. Alors au lieu d’en faire un tabou, ou une situation gênante, j’ai décidé de leur en parler ouvertement et de ne pas le garder pour moi. Je crois que ça a été une vraie révolution pour moi : j’ai arrêté d’avoir honte de nos problèmes de fertilité, j’ai décidé d’en parler à coeur ouvert en expliquant absolument tout du processus. J'attendais même de nos amis qu’ils me posent des questions. Et finalement ça a délié les langues : dans notre entourage, des couples se sont confiés sur leur propre parcours PMA, resté très secret.
A l’hôpital, nous n’avons pas eu beaucoup de soutien, à part par ma super gynécologue. Mais ce qui m’a également aidé, c’était de célébrer toutes les petites victoires : à chaque bonne nouvelle, je m'efforçais à l'accueillir avec joie, que ce soit les résultats d’une analyse, ou une écho, etc. ça m’a permis d’avancer, il n’y a pas que du négatif.
Et comme mes amis étaient au courant, je pouvais partager les petites joies avec eux. Finalement, quand tu ne veux pas en parler, tu ne partage pas les moments de déceptions, mais tu ne partage pas les victoires non plus et je trouve que c’est dommage ! C’est hyper important de sortir de l’isolement, pour ne pas se renfermer sur soi et sur ses difficultés.
Je pense aussi qu’en parler comme un problème de couple, ça équilibre la culpabilité (rire). On a trop souvent tendance à en faire un problème féminin par ailleurs, or c’est faux !
- Quel message souhaites-tu faire passer aux couples qui sont en parcours PMA?
Marion : La PMA, ce n’est pas une honte. On peut et on doit en parler plus ouvertement car cela concerne un nombre croissant de couples, pas que des femmes, des hommes aussi ont le droit d’avoir leur responsabilité et un espace de parole. Et en parler différemment sans dramatiser, c’est un bon début.
C’est vrai que c’est difficile de se rendre compte de ce que c’est avant d’y être. C'est un parcours du combattant : tu es blindée d'hormones, tu ne te sens plus dans ton état naturel mais tu dois faire comme si ta vie était normale. Mais ta vie n’est PAS normale à ce moment-là. C’est un sujet entêtant, tu ne fais qu’y penser, ça déborde sur le couple, sur la vie pro et perso.
Quand on est en parcours PMA, on a envie d’entendre des happy end, de voir du positif. Tu veux juste lire “elle a galéré..mais elle a fini par réussir !”. Donc je conseille à tous les couples en PMA d’éviter de trop traîner sur les forums, les réseaux ou alors de bien trier l’information. Garder en tête qu’il y a pleins de possibilités, de praticiens qui peuvent aider.
Il n’y a pas un parcours PMA similaire et cela ne sert à rien de se comparer.Et surtout, de s’écouter, de changer de gynéco si l’actuel ne convient pas.
Aujourd’hui, je me sens investie d’une mission : FTF est arrivé au bon moment dans ma vie et je ne crois pas au hasard. Maintenant j’ai envie de traiter le sujet de la PMA de manière différente, mais ça c’est encore un projet secrètement gardé !
Merci Marion, on te souhaite une belle continuation et des bonnes nouvelles pour la suite :)
Katharina
* PMA : Procréation Médicalement Assistée